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Cahiers antispécistes n°02 - janvier 1992

Éditorial

Ce très philosophique numéro 2 des CAL fait une large place à deux courants moraux importants dans le mouvement de libération animale, à savoir l'utilitarisme et la théorie des droits. Paola Cavalieri en page 5 présente rapidement ces deux thèses, dans la première partie d'un article consacré à cinq différents développements d'un point de vue éthique non spéciste.

La théorie des droits des animaux - humains ou non - a pour artisan et principal défenseur Tom Regan, professeur de philosophie morale aux États-Unis. J'aurais voulu avoir la place et le temps - et aussi la facilité d'écriture - pour dire l'enthousiasme que j'ai ressenti, malgré mes appréhensions d'utilitariste non repenti, lors de mon séjour à Milan et de ma rencontre avec Tom Regan, qui y était venu donner une conférence organisée par la revue Etica & Animali et soutenue par le chaleureux, nombreux et bouillonnant groupe Eguaglianza Animale. On trouvera en page 15 l'interview que j'ai rapportée de cette très internationale rencontre, interview de l'Américain Regan interrogé en Italie par un Belge, une Allemande et un Français !

Il ne faut néanmoins pas attendre de cette interview un exposé philosophiquement complet des thèses reganiennes. Les Français ne peuvent pas encore lire l'essentiel de ses idées dans leur langue, malgré aussi la petite brochure de lui publiée en novembre (voir page 14) ; celle-ci ayant surtout un but directement « militant », l'exposé le plus approfondi sur ce sujet reste le court texte de Paola Cavalieri.

Quant à l'utilitarisme, j'ai voulu pour le défendre ajouter deux textes, que l'on trouvera page 39 et page 41 - car, comme je l'ai dit, c'est plutôt dans ce sens que je penche. Je voudrais néanmoins insister ici sur l'unité du mouvement, que j'ai fortement ressenti à Milan, unité basée sur la volonté que les règles éthiques fondamentales, quelles qu'elles soient, soient les mêmes pour les animaux humains ou non.

Toute autre est justement la soi-disant « Déclaration universelle des droits des animaux » que dénonce en page 29 Yves Bonnardel, déclaration qui semble procéder de la volonté d'un petit mais influent groupe français de vider de tout contenu les notions de spécisme et de droits appliquée aux non humains. Et les mots peuvent avoir leur puissance - c'est d'ailleurs une idée qui apparaît, un peu par hasard, en plusieurs endroits du présent numéro.

On nous a demandé si nous n'avions pas peur que les CAL finissent par se répéter. Pour une part, les CAL doivent se répéter, parce qu'il faut que notre message apparaisse clairement dans chaque numéro. Néanmoins, je crois que notre sujet est trop fondamental pour que nous ayons à craindre de manquer de « matériel ». Il nous manquera tout au plus le temps et l'énergie par exemple pour trouver, traduire, transcrire et présenter la riche littérature qui existe.

Néanmoins, nous aussi avions à un moment peur de ne pas arriver à remplir ce numéro, comme d'ailleurs ce fut le cas pour le précédent, et sera sans doute pour le suivant ; mais en fin de compte, nous avons dû reporter plusieurs textes, dont celui, pourtant annoncé, de Victoria Moran sur la vitamine B12, ainsi que les recettes de crêpes végétaliennes.

Je regrette un peu que de ce fait à l'aspect pratique de la vie quotidienne non spéciste ne soit pas donné un peu plus de place dans les CAL - il est tout de même important de contrer la propagande qui proclame que la viande est nécessaire à la santé. Ce sera, je l'espère, pour la prochaine fois.

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