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Cahiers antispécistes n°08 - septembre 1993

Problèmes entre l’AIDA et les Cahiers antispécistes

Nos lecteurs vont sans doute se dire : « Encore des disputes ! Pourquoi ne peuvent-ils se mettre d'accord ? » Nous regrettons la composante personnelle de la présente dispute ; mais il s'agit aussi d'un désaccord politique, qu'on devrait pouvoir porter au grand jour et discuter sans rancoeur ni mépris, même s'il est profond comme c'est le cas ici. Depuis longtemps nous savions bien qu'Éric et Christophe Moreau, animateurs de l'AEDA (devenu depuis AIDA), nous dénigraient fréquemment, sans que nous sachions précisément pourquoi. Puis le 23 août dernier, nous avons reçu d'eux le texte imprimé suivant :

A.I.D.A. et la politique humano-humaine

L'association Action Information pour les Droits des Animaux (A.I.D.A.) ne conçoit pas son action en fonction de critères passéistes (la « gauche » et la « droite », notions qui datent du XIXe siècle) qui n'ont rien à voir avec la libération des animaux. Pour nous, tous les humains (de l'extrême droite à l'extrême gauche) exploiteurs et mangeurs d'animaux non-humains sont les mêmes. L'association et ses militants ne veulent pas se placer sur un échiquier politique humano-humain (qui ne concerne que les êtres humains) qui n'a aucun sens pour les veaux massacrés dans les abattoirs ou les rats torturés dans les laboratoires. Pour ces derniers, être massacrés ou torturés par des humains de gauche ou de droite revient au même. L'antispécisme prend toute sa valeur quand il ne fait pas de différence arbitraire entre les humains exploiteurs d'animaux. Pour A.I.D.A., seuls les humains qui n'exploitent pas les animaux ont de la valeur. Nous n'accordons et n'accorderons aucune importance au particularisme gauchiste, libéral, réactionnaire ou nazifiant des uns ou des autres, tant que ces derniers n'affichent pas leur opinion politique et qu'ils travaillent pour la libération concrète et physique des animaux, et non pas pour une idéologie supplémentaire (récupérée, depuis peu, par quelques gens « de gauche » révisionnistes de la libération animale).

Pour les animaux, les anarchistes ou les fascistes mangeurs d'animaux ne sont que des humains spécistes appartenant à l'espèce dominante et exploitrice. Sincèrement pour la Libération des Animaux.

Ce texte, sous des dehors de neutralité, est dès sa première phrase une attaque contre les « gauchistes ». Nous sommes en désaccord net avec les positions qui y sont exprimées. La libération animale est une lutte politique qui ne se conduit pas en s'alliant avec des gens - racistes, etc. - dont les idées sont diamétralement opposées aux idées antispécistes.

Tant mieux si les animateurs de l'AIDA ont voulu rendre clair le désaccord ; mais cela aurait pu être fait avec plus de délicatesse. Qui donc sont ces « gens “de gauche” », non nommés mais néanmoins « révisionnistes » (??) et « récupérateurs » - si ce n'est nous ? Nous sommes effectivement, si l'on veut, de gauche, sans « particularisme », en un sens non politicien, mais politique ; en ce sens que la libération animale est un mouvement progressiste, et s'appuie sur les progrès obtenus par les autres mouvements de libération. Quel peut donc être l'antispécisme de l'AIDA, s'ils trouvent normal de s'allier avec des nazifiants ?

Éric et Christophe, la lutte ne vous appartient pas. Nous ne vous avons jamais insultés, nous avons encouragé l'AEDA, nous lui avons fait de la publicité. Vous avez récemment changé le nom de l'association, poussé la moitié de ses militants dehors, changé l'adresse pour la troisième fois... Nous ne sommes pas responsables de vos problèmes et de votre incapacité à envisager l'action sur un plan politique.

Vivement enfin un bol d'air frais sur la scène antispéciste parisienne !

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