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Cahiers antispécistes n°18 - février 2000

Éditorial

Il y a dix ans, il n'y avait pas, et aujourd'hui, il y a, un mouvement antispéciste en France. Il y a dix ans, le mot « antispécisme » n'était connu de personne. Il n'y avait ni livres de Peter Singer en français, ni Cahiers antispécistes, ni PMAF, ni manifestations antispécistes ; le refus de la viande n'était le fait, pratiquement, que de personnes isolées ou regroupées en associations naturalistes. L'idée d'égalité pour les grands singes était impensable, alors qu'elle apparaît aujourd'hui dans les médias, de plus en plus souvent et de plus en plus explicitement. Un article (presque) ouvertement antispéciste a pu faire la « une » du Nouvel Observateur, et c'est bien une certaine question animale, celle de la chasse, qui est devenue la charnière de bien des préoccupations électorales.

D'ici dix ans, je le pense, la question animale sera débattue sur la place publique. Cela ne signifie pas que nous aurons gagné la partie. Bien des mouvements par le passé ont connu le soleil avant de replonger dans l'ombre.

Je pense que notre époque est riche de potentialités nouvelles ; que l'antispécisme progressera, et que d'autres luttes contre d'autres oppressions progresseront, et l'emporteront, dans la mesure où nous saurons construire de nouvelles façons de faire de la politique. La « radicalité » de la pensée à souvent été, par le passé, synonyme de fermeture, de dogmatisme, d'élitisme et, en fin de compte, de stérilité quand elle n'a pas fait le lit de nouvelles oppressions.

Le mouvement antispéciste sera divers ou ne sera pas. Cela implique que chacune sache écouter sans peur et s'exprimer sans retenue. Les Cahiers, en particulier, veulent devenir le lieu d'un débat à la fois ouvert et franc, où la diversité des sensibilités et des idées s'expriment sans dogmatismes et sans complaisances.

Tel est le sens en particulier de l'appel à contributions que l'on trouvera en page 33, et auquel - faites un effort ! - chacune est conviée à répondre. Il ne s'agit pas non plus de se limiter à des productions « intellectuelles ». Expériences personnelles, fiction, dessins... ont également leur place.

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